Décès de Jules Mercier, jeune crémier-fromager d’Annecy

Nous avons la tristesse de vous informer du décès de Jules Mercier, 26 ans, le dimanche 08 juin à la suite d’un accident de montagne.

Jules était un vrai passionné, il a toujours su qu’il évoluerait dans le milieu fromager et son professionnalisme et sa gentillesse ont marqué tout ceux qui ont eu le plaisir de le rencontrer.

La FFF présente toutes ses condoléances à sa famille, ses amis et ses collègues à Annecy et partout en France. Nous ne t’oublierons pas…

Nous souhaitons partager avec vous une interview que Jules avait donné à un média local et dans lequel il partageait son parcours, son amour du métier et sa passion pour le fromage.

« Depuis tout petit, j’ai toujours eu un lien fort avec le fromage. Mes souvenirs d’enfance me ramènent aux Deux-Sèvres, où je passais mes vacances chez mes grands-parents, entouré de paysages agricoles et de chèvres. Mon premier vrai déclic remonte à mes 7 ou 8 ans, sur un marché de village.
J’avais une mission très sérieuse : choisir le crottin de chèvre pour le déjeuner. Face à l’étal de la fermière, je scrutais chaque fromage, hésitant entre un jeune, un mi-sec ou un sec, guidé par ses conseils bienveillants.
J’avais des étoiles dans les yeux. Ce jour-là, sans vraiment le savoir, ma vocation était née : je voulais devenir crémier-fromager, et faire briller les yeux des gens.

A l’adolescence, j’ai eu l’opportunité de faire un stage d’observation dans une ferme près de chez mes grands-parents. A l’époque, ils fabriquaient surtout des yaourts, du fromage blanc et de la crème, puis ils ont évolué vers la production de tommes. J’étais aux premières loges et, quelque part, j’avais déjà un pied dans ce monde.
Mais en grandissant, j’ai commencé à douter. Autour de moi, on trouvait ça étrange, pas assez prestigieux, presque un sous-métier. « Fromager ? Sérieux? C’est nul » . À force d’entendre ce genre de réflexions et les rires moqueurs, j’ai fini par me détourner de mon rêve et me perdre un peu dans mes choix d’avenir pendant deux ans.

Heureusement, un élément inattendu m’a remis sur les rails : les réseaux sociaux. En suivant des artisans passionnés, j’ai redécouvert ce métier sous un jour nouveau, ancré dans la tradition mais en pleine modernisation. C’était le déclic. J’ai alors décidé de quitter ma Charente-Maritime natale pour traverser la France et me former à Annecy, en intégrant un CQP crémier-fromager.

C’est ainsi que j’ai rejoint la Crémerie des Marchés, une grande maison savoyarde où j’ai été accueilli à bras ouverts par la famille Dubouloz. I|s m’ont transmis leur savoir-faire, leur respect du produit et l’amour du métier. J’ai tout absorbé, avec une soif d’apprendre insatiable. Inspiré par Jacques Dubouloz, j’ai eu envie d’aller plus loin : me mesurer aux concours, repousser mes limites, promouvoir notre profession et, surtout, gagner en confiance.

Aujourd’hui, je suis toujours à la Crémerie des Marchés, où j’occupe le poste de vendeur-référent en boutique et aide caviste dans nos caves d’affinage. Et parce que je ne tiens pas en place, je continue à concourir. Dernière victoire en date ? Champion de France des Fromagers 2025, j’en ai encore des frissons. En septembre, je vais représenter la France au concours mondial du meilleur fromager et c’est un immense honneur. Si je pouvais dire à ce petit garçon émerveillé devant son crottin de chèvre que, des années plus tard, il défendrait les couleurs de son pays, il aurait du mal à y croire. Mais moi, aujourd’hui, j’y crois plus que jamais. Et je donnerai tout. Pour le fromage.

Image et interview (c) Humansproject.ch