Les producteurs et les transformateurs de lait de chèvre français fortement impactés

Les producteurs et les transformateurs de lait de chèvre français fortement impactés par l’envolée des coûts de production

Le contexte géopolitique entraîne des perturbations fortes dans l’approvisionnement de notre économie, notamment pour les matières premières agricoles comme les céréales et les protéines végétales nécessaires à l’alimentation des animaux en élevage. La flambée des prix des matières premières et de l’énergie déjà observée au second semestre 2021 s’est accentuée depuis fin février et impacte fortement les coûts de production des producteurs laitiers caprins et des transformateurs, coopératives comme industries privées.

Du côté de l’amont de la filière : Les éleveurs caprins sont encore fortement dépendants des achats d’aliments, qui représentent en moyenne 50 % du coût de production, mais peuvent dans certaines exploitations atteindre 70%.

Les revalorisations de prix du lait permises par les négociations commerciales en début d’année sont loin d’avoir pu compenser les surcoûts enregistrés ces dernières semaines pour permettre aux éleveurs de chèvres de tenir et de ne pas impacter les trésoreries des exploitations de manière irréversible.

Par ailleurs, le nécessaire renouvellement des générations dans notre filière est mis à mal par ce contexte inflationniste : avec des coûts de construction qui ont explosé, de nombreux projets d’installation sont actuellement gelés, faute de lisibilité sur la rentabilité future de la production. Par conséquent, nous nous dirigeons vers un risque de forte diminution de la production de lait de chèvre français, à court terme (dès 2023) par une non prise en compte de l’envolée des coûts de production, et à moyen terme par un déficit d’installations.

Du côté de l’aval de la filière : Les entreprises agroalimentaires font aujourd’hui face à une situation particulièrement difficile liée à des tensions d’approvisionnements, tant sur les matières premières agricoles que sur les intrants industriels. Ces tensions se traduisent par un renchérissement notable des matières premières, agricoles et industrielles (emballages), qu’elles utilisent, ainsi qu’une augmentation de leurs coûts énergétiques et de transport. Elles sont amplifiées par la désorganisation logistique mondiale liée à la pandémie de Covid 19, accentuée par la guerre en Ukraine ou par la récente paralysie du port de Shanghai.

Cette inflation record fragilise les producteurs de lait de chèvre et les entreprises de transformation.

En réponse à cette situation, les pouvoirs publics ont pris leurs responsabilités en apportant, dans le cadre d’un plan de résilience, des réponses concrètes pour amortir ces impacts. Mais il s’agit là d’un dispositif transitoire compensant une faible partie des hausses des coûts de production.

Dans une charte qui a été signée le 31 mars dernier par tous les acteurs de la filière agro-alimentaire, les enseignes de la grande distribution ont accepté d’étudier attentivement les demandes de renégociation de contrats qui leur seront soumises par les entreprises significativement touchées par les conséquences de la guerre en Ukraine. La filière caprine attend donc que les demandes de renégociations des industriels soient bien prises en considération par les acteurs de la distribution, et que chacun prenne ses responsabilités dans les plus brefs délais. Elle appelle les distributeurs à tenir compte de la gravité de la situation, en acceptant de garantir à chaque maillon de la chaîne alimentaire une juste rémunération, comme le veut la loi EGALIM 2.

Source : ANICAP – CP du 7 juin 2022